Métier Achats : à quand la révolution ?
« À l’heure actuelle, la dimension stratégique de la fonction achat est devenue fondamentale »
Daniel Weber, vice-président achats indirects, Faurecia
La lecture de la dernière édition de l’étude « Tendances et priorité des départements Achats 2019 » produite par AgileBuyer et le CNA livre des résultats … surprenants ?
Il serait illusoire de croire à un métier Achats qui ne ferait plus d’économies ou qui ne chercherait pas à en faire.
Néanmoins, à l’heure de la co-innovation, de l’entreprise étendue, du digital, et de l’Acheteur créateur de valeur et non cost-killer… ce sont les savings qui (re)gagnent du terrain ?
Selon l’étude de 2017, les Savings étaient la priorité numéro 1 des achats en 2018 (pour 72% des répondants). Cette année, ce chiffre est passé à 75 % et dépasse même son niveau de 2013.
Les Achats, dans un contexte économique tendu, subissent forcément : mais les savings doivent-ils (et peuvent-ils) indéfiniment rester LA réponse ?
En parallèle, l’étude livre aussi trois chiffres qui dénotent une absence – ou une trop lente – évolution :
- D’abord, 47% des répondants annoncent ne pas avoir de feuille de route de transformation digitale incluant les nouvelles technologies, à 44% pour les Directions Achats exclusivement. Voilà un chiffre qui interroge. Force est de constater que la question ne porte pas sur les thématiques qui seront transformées à court ou moyen termes, mais bien sur l’existence même d’une feuille de route.
- Ensuite, 54% des répondants n’auront pas d’objectifs RSE associés à leurs performances Achats, en 2019. Pourtant intégrer une dimension RSE permet de gérer plusieurs aspects comme les risques (et c’est d’ailleurs très majoritairement le volet RSE qui existe actuellement) ou la réduction des coûts. Au regard des enjeux actuels, le métier Achats (et par lui les entreprises) pourra-t-il ignorer longtemps cet enjeu ?
- Enfin, 63% des répondants indiquent ne pas travailler ou a minima ne pas posséder de processus leur permettant de solliciter facilement des startups. En 2017, ils étaient 66% à répondre « non » à la question « Avez-vous mis en place des processus pour simplifier le travail avec les startups ? ». On peut déplorer là encore qu’un an plus tard rien n’ait vraiment évolué. Bien qu’une start-up soit par définition une entreprise agile, ces structures sont aussi une source de flexibilité et d’innovation. Certaines entreprises ont mis au point des processus dédiés pour gérer cette relation. A quand une généralisation de ces pratiques ?
Ne nous trompons-pas : le temps de l’acheteur qui arrive dans un service et repart en ayant divisé le panel fournisseur par 10, tout en maintenant les 3 qui restent dans un état de tension, en divisant les effectifs par deux est révolu (quoi qu’on en garde encore des traces dans certains secteurs).
Malgré tout, la tendance reste aux savings plus « intelligents » (étant plus basé sur les spécifications). L’étude montre également que la collaboration gagne toujours plus de terrain, notamment dans les qualités attendues par les recruteurs de talents du secteur des Achats. Pour autant, il semble qu’un peu de temps doive encore s’écouler avant de voir les Achats basculer véritablement dans ce second paradigme de « Créateur de valeur », tant attendu.
Tous les chiffres mentionnés ici proviennent des études « Tendances et priorités des départements Achats en 2019 » ainsi que l’édition 2018, produites par AgileBuyer et le CNA. Vous pouvez retrouver la totalité de l’étude 2018 ici : http://agilebuyer.com/etude-les-priorites-des-achats-en-2019/